GURS – SUR LES TRACES DE LA MEMOIRE HISTORIQUE

Gurs : travail de mémoire autour de l’internement des réfugiés espagnols et des juifs allemands

Gurs, lieu de sinistre mémoire, a vu passer des centaines de réfugiés espagnols et des juifs indésirables. Retour sur la réhabilitation d’un lieu en vue d’un travail de mémoire historique.

 Gurs : un camp de concentration en Béarn

 A Gurs, sous un pâle soleil de printemps, nous arrivons devant une vaste étendue de champs et de bois semblant si paisible à l’entrée du village. Un panneau indique l’entrée de ce qui fut le plus grand camp de concentration de France. Un petit musée conte les histoires de ce lieu et les photographies d‘époque laissent entrevoir les conditions de vie dans ce lieu insalubre.

 Raymond VILLALBA de Terre de Mémoire(s) et de Luttes nous accueille en ce lieu, que l’on a voulu effacer pour laisser l’oubli faire son œuvre. Ce camp a été construit en quelques semaines en 1939 quand il a fallu accueillir et surtout mettre en captivité les combattants républicains espagnols et les brigadistes internationaux apatrides qui étaient venus demander asile à un pays « ami ». Plus de 400 baraquements sont construits à la hâte et les prisonniers, car il s’agit bien de prisonniers, sont au départ bien traités par l’armée française .

 Puis la guerre mondiale se déclare, la France est défaite et doit signer l’armistice avec les Allemands. PETAIN reçoit les pleins pouvoirs. La France est occupée sur la moitié de son territoire au départ, puis entièrement à partir de 1943. Des centaines de familles allemandes juives, originaires entre autres de Saxe et du Palatinat sont mises dans des convois en direction du camp de Gurs. Le camp est gardé par des gendarmes, le traitement n’est plus le même. Il y a toujours des centaines de républicains espagnols dans le camp.

Un camp insalubre et immense ou la planification d’un espace concentrationnaire pour parquer les indésirables

 Le camp de Gurs est grand comme 150 terrains de football, il y a des centaines de baraquements et plus de 60000 personnes internées. 60 individus par baraquement, hommes, femmes enfants à dormir sur des paillasses avec les poux, les rats, la promiscuité. L’eau du camp est très mauvaise et sera la cause de nombreux décès. Les îlots de baraquements étaient entourés de barbelés, et les latrines se trouvaient à l’extérieur des baraquements. Rien n’a été fait pour faire sentir à ces gens qu’ils étaient des êtres humains. Et la boue, la boue, la boue à perte de vue. La nourriture était pauvre et rare.

 Il y avait également un carré disciplinaire où, pour des motifs parfois dérisoires, les hommes se retrouvaient pendant des jours dans un trou recouvert d’une tente, comme des animaux. Nombreux sont ceux qui sont morts de froid.

 A noter, l’humanité et le dévouement des infirmières de la Croix-Rouge suisse qui par leurs soins et leur volonté de trouver de la nourriture notamment aux enfants ont sauvé beaucoup d’entre eux. Un petit cabanon évoque le lieu où elles ont opéré pour faire le bien au milieu de cet enfer.

 Un îlot a été reconstitué avec un baraquement pour montrer les conditions de vie des prisonniers et leur promiscuité dangereuse et indigne.

 Les convois en partance  pour Auschwitz

En 1943, 3000 personnes sont déportées via Drancy à Auschwitz-Birkenau où elles sont exterminées. 1073 personnes sont mortes à Gurs et ont été inhumées dans le cimetière qui subsiste aujourd’hui. Le camp est libéré en 1944 par la Résistance. Il est alors démantelé et les pièces de baraquements vendues aux enchères comme pour effacer rapidement cette tâche sombre dans le paysage local. A tel point que la nature reprend ses droits et que le cimetière se détériore rapidement.

 La réhabilitation du cimetière de Gurs

En 1962 des associations juives mémorielles de Saxe décident de restaurer le cimetière et d’entretenir les lieux. Et dans les années 80, les associations de guérilleros, l’amicale du camp de Gurs, Terre de Mémoire et Liberté décident de faire un travail de mémoire sur le camp, travail qui est soutenu par les autorités françaises qui décident de faire de Gurs l’un des trois lieux de mémoire en France. Une plaque est apposée en 1994, des rails restaurés dans une symbolique des convois qui mènent à la mort. Les autorités juives allemandes érigeront une stèle dans le cimetière, ainsi que les républicains espagnols.

Le cimetière est un carré impressionnant dont la population est essentiellement composée de juifs, de tous âges, mais nous pouvons remarquer que les seniors ont eu beaucoup de mal à survivre à cet enfer. Il y a également des enfants, cinq sont nés et morts à Gurs dont l’un des triplés né des amours d’un républicain espagnol et d’une femme juive. Elle finira sa vie à Auschwitz avec ses deux autres enfants…

Dans un coin le carré des brigadistes. L’on peut voir sur des tombes des pierres des petits drapeaux, des insignes, pour dire qu’on n’oublie pas les personnes malgré le passage du temps, et on n’oublie pas non plus ce qu’elles ont fait et le sacrifice de leur vie.

Et notre devoir à nous est de perpétuer cette mémoire de combats pour la liberté

Une réponse sur “GURS – SUR LES TRACES DE LA MEMOIRE HISTORIQUE”

  1. MERCI POUR CE DEVOIR DE MEMOIRE ET LES LEç0NS QU’IL CONVIENDRAIT D’EN TIRER:ERREUR DE LA NON INTREVENTION EN ESPAGNE,LA CRISE GENERE LE FASCISME…….

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