LE CIMETIERE DE TORRERO – ZARAGOZA – voyage MER 47 – 2

La matinée du 13 avril était consacrée à la visite d’un lieu de mémoire, le cimetière de Torrero sous la conduite de Paz Jiménez Seral, présidente de la fondation Bernardo Aladrén qui a pris le nom d’un dirigeant syndical socialiste et agit pour la collecte et la diffusion des archives sociales de l’UGT en Aragon. Elle nous a expliqué toute l’histoire de ce lieu mémoriel.

Paz et Gilbert devant le mur des fusillés

Gilbert Vidal a bien voulu faire l’interprète pour les non hispanophones, nous l’en remercions. La relation détaillée de cette sombre période de la reprise en main du pouvoir par les franquistes, période qui n’est autre chose qu’un coup d’état, relation que Paz, professeur universitaire, nous a faite, nous a permis de comprendre le rôle important joué par l’association qu’elle préside dans la mise à jour et la divulgation des données historiques mémorielles républicaines sociales et syndicales en Aragon.

Une terreur et des crimes de masses

Devant le Monument aux Morts pour la Démocratie

L’objectif des franquistes ayant pris – volé par un coup d’état – le pouvoir est remarquable par les stratégies violentes utilisées pour dominer, éradiquer, soumettre un peuple qui avait mis démocratiquement en place la deuxième République, sévissant sur plusieurs décennies. De nombreuses informations ont émergé après la publication des registres du clergé, registres dont les contenus ont été tenus secrets jusqu’à l’année 2000. L’évocation du climat de cette période met en évidence l’arbitraire le plus total accompagné de violence indescriptible des crimes franquistes : exécutions innombrables sans procès d’une partie bien particulière de la population : intellectuels, élus, dirigeants syndicaux, militants politiques, enseignants ainsi que toute personne soutenant de façon avérée ou non la République au sens large.

Les familles n’étaient pas informées du sort fait aux leurs, enlevés, arrêtés sans motifs connus, ou sur motifs prétendus, dans le plus grand secret et la plus grande violence, embarqués de force, incarcérés dans des conditions iniques, torturés et finalement exécutés dans la nuit au petit matin contre un mur de ce cimetière. Sans l’ombre d’un procès, leur identité n’est pas ou à peine notifiée, leurs familles tenues dans le secret et la peur. Puis leurs corps ont été finalement jetés dans une fosse commune dont le lieu a été tenu caché jusqu’aux années 1976 car des travaux d’extension du cimetière l’ont mise à jour.

La mémoire contre l’oubli

Hommage de MER 47 aux victimes

Un panonceau rappelle timidement l’existence de cette fosse de 500 mètres  sur 4 mètres qui contient plus de 1500 corps. Cependant un mémorial en hommage à ces intellectuels, militants divers a été dressé dans l’enceinte de ce cimetière : chaque nom et prénom et âge de la personne fusillée est gravé sur une stèle de un mètre  de haut, en inox et ces stèles sont dressées l’une à côté de l’autre en une immense spirale dont le centre est occupé par un monument où sont sculptées ces mots :« Recuerdalo tu y recuerdalo a otros » de Luis Cernuda. Ce mémorial permet de se rappeler les victimes du franquisme et, en particulier les 3.543 personnes de tous âges- de 13 à 84 ans-  venant de 322 municipalités aragonaises qui ont été exécutées du début de la guerre en juillet 1936 jusqu’au 20 août 1946 , date de la dernière exécution devant le mur à l’arrière du cimetière, à côté de ce qui est maintenant le mausolée de Joaquín Costa. Leurs restes ont été retrouvés dans deux grandes fosses communes en 1979 , cachées et oubliées depuis plus de quatre décennies.

 

Un petit rappel sur le transfert de l’imposant monument dédié aux franquistes de la place de la cathédrale de la Dona del Pilar vers l’entrée du cimetière nous informe que les commémorations franquistes bien que moins ostensibles existent toujours. Sur le retour, notre passage devant la prison où étaient incarcérés les républicains ou soupçonnés de l’être – plus de 1000 alors que l’espace était prévu pour 200 – montre encore la maltraitance extrême dont étaient capables les sbires de Franco.

Pour plus d’information le livret sur ce lieu mémoriel

LIBRITO_MEMORIA CEMENTERIO DE TORRERO

et sa traduction en langue française

Cementerio de Torrero traduction en français

 

 

2 réponses sur “LE CIMETIERE DE TORRERO – ZARAGOZA – voyage MER 47 – 2”

  1. Bonjour, je suis française, mes parents étaient espagnols, mon père, guillermo gregorio serrano né le 5 juin 1934 a villanueva de gallego a perdu ses parents en 1936, ils ont été fusillés , leurs nom
    Teodora serrano perez
    Clémente gregorio lafuente
    Aucune photo de leur visage n’a été retrouvé, jai certainement de la famille là bas et j’aimerais connaître l’histoire de ma famille paternel

    1. Bonjour,
      Le site https://buscar.combatientes.es/ signale la présence de vos grands-parents dans les bases de données situées à Salamanque.

      Dossier concernant SERRANO PEREZ, Teodora :

      .:CDMH – Responsabilidades Politicas:. Tribunal Nacional de Responsabilidades Politicas, Tribunal Nacional de Responsabilidades Politicas, Signatura: 75/00101 , Indultados | fecha del expediente: 1959 | Poblacion: Villanueva De Gallego, Zaragoza (Espana) | Ver Gregorio Miranda, Clemente. Procede de la Audiencia Provincial de Zaragoza; |

      Dossiers concernant GREGORIO LAFUENTE, Clemente :

      .:CDMH – Responsabilidades Politicas:. Tribunal Nacional de Responsabilidades Politicas, Tribunal Nacional de Responsabilidades Politicas, Signatura: 75/00101 , Indultados|

      .:CDMH – Responsabilidades Politicas:. Tribunal Nacional de Responsabilidades Politicas, Tribunal Nacional de Responsabilidades Politicas, Signatura: 75/00109 , Indultados | OFICIO; |

      Pour obtenir le contenu de ces fiches, nous vous conseillons de vous adresser à cet organisme en utilisant les références ci-dessus :
      C/ Gibraltar, 2, 37008 Salamanca ||| Teléfono +34 923 212 845 ||| Fax +34 923 264 730 ||| e-mail: cdmh@cultura.gob.es
      Horario de apertura: Lunes a Viernes de 08:30 a 18:00

      Rédaction de MER47

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