La Mémoire Démocratique au dernier sommet franco-espagnol de Barcelone

Sur son site, l’OFFPRA a publié un article qui indique que « lors du 27e sommet franco-espagnol qui s’est tenu à Barcelone le 19 janvier 2023, La France et l’Espagne ont réaffirmé leur volonté de poursuivre leurs efforts conjoints pour valoriser les archives historiques de l’Ofpra relatives aux réfugiés espagnols dans le cadre de la construction de la mémoire démocratique en Espagne et en Europe. »

En effet, dans la Déclaration conjointe du 27e sommet franco-espagnol à Barcelone, signée le 19 janvier 2023, le point 26 stipule : « La France et l’Espagne continueront d’œuvrer pour retrouver la mémoire de leur histoire commune, grâce à l’accord bilatéral signé le 24 avril 2006 concernant les archives de la guerre civile espagnole, de l’exil, de la résistance et de la déportation. Elles poursuivront leurs efforts conjoints pour valoriser les archives historiques de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides, et notamment les documents concernant les réfugiés espagnols, par une coopération renouvelée rendue possible par un nouvel accord de numérisation. En outre, la récente loi espagnole sur la mémoire démocratique crée un nouveau cadre de coopération en envisageant de nouvelles actions liées aux lieux mémoriels, aux victimes de l’exil, à la recherche et à la récupération d’archives ou à l’acquisition de la nationalité espagnole. »

L’article poursuit : « C’est dans cette perspective que, le 18 janvier 2023, Isaac Sastre de Diego, Directeur général du patrimoine culturel et des beaux-arts du Ministère de la Culture et des Sports du Royaume d’Espagne et Julien Boucher, Directeur général de l’Ofpra, ont signé une déclaration d’intention visant à valoriser les archives de l’établissement concernant les réfugiés espagnols. »

Puis, il conclut : « Cette coopération, qui a pour objet d’engager la numérisation de ces archives, permettra un accès facilité aux nombreux documents relatifs aux réfugiés espagnols qui ont été sous la protection de l’Office. »

En recherchant la date des premières numérisations du côté français, il est apparu que ces dernières ont débuté avec les nouvelles demandes d’asile déposées en France à partir de 2007, puisque l’OFFPRA précise : « Depuis le 1er juin 2010, toutes les pièces du dossier d’un demandeur d’asile sont scannées. Cette opération de modernisation des procédures a été lancée à l’Ofpra dès 2007 et a nécessité la création d’un nouveau service : la Mission Accueil, Enregistrement et Numérisation (MAEN). Désormais seul le dossier numérique est juridiquement valable et depuis la fin de l’année 2010 les dossiers des demande d’asile sont transmis à la juridiction, la Cour nationale du droit d’asile, par voie numérique. »

Pour louable que soit le but de ce projet (il vise à faciliter l’accès aux documents par Internet), il soulève néanmoins quelques questions :

  • Combien de temps faudra-t-il pour mener à son terme une telle tâche ?
  • Côté espagnol, il risque d’y avoir du « Sport », compte-tenu de la dispersion des archives et de l’état préoccupant de certaines.
  • Quels sont les critères de tri entre les documents retenus pour la numérisation et ceux destinés à passer au broyeur ?
  • Qui va procéder au tri, sachant qu’il appliquera sa propre subjectivité politique ?

Pour notre part, et par expérience, nous savons que ce genre d’entreprise a pour principal objet de se débarrasser de documents jugés inutiles et donc de réduire la taille des rayonnages des archives.

Dans tous les cas, il y aura une perte significative d’informations qui réduiront la connaissance que pourraient en tirer les futurs historiens et chercheurs.

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