Comment résumer ce qui se passe en Espagne à l’heure actuelle ? Six millions de chômeurs, des expulsions qui en 2009 se comptaient à plus de 9000 en un an, laissant à la rue et dans le désespoir des familles entières, sans compter que la dette de leur maison restait à leur charge. Des suicides qui se multiplient. Les salaires gelés.
Un gouvernement aveugle face à l’ injustice et aux inégalités
La préoccupation principale du gouvernement de Mariano Rajoy est la réduction de la dette espagnole, afin de se maintenir dans une Europe régie par les marchés financiers, au détriment de l’emploi, de la santé, de l’enseignement. Le Gouvernement semble également plus concentré sur la limitation des droits à l’avortement que sur les solutions pour endiguer le chômage et l’immense désarroi provoqué par les expulsions massives, à cause des taux d’intérêts variables imposés par les banques.
Le même parti au pouvoir connaît une inculpation pour corruption aggravée, et une infante est mise en examen pour la première fois dans l’histoire de la Couronne d’Espagne.
La mobilisation citoyenne contre l’injustice
C’est dans ce contexte que naissent deux mouvements différents mais qui se rejoignent dans de très nombreux combats, celui de la dignité, de l’égalité, du travail pour tous.
Le premier, « La Plataforma de Afectados por la Hipoteca » créée en 2009, défend les personnes étranglées par les dettes hypothécaires de leur bien foncier. A travers une écoute téléphonique 24 heures sur 24, des réunions dans des locaux divers, un groupe de personnes dont la figure emblématique est une jeune statisticienne catalane du nom de Ada Colau, vient au secours de gens désespérés dont la seule issue est la rue et quelquefois la mort. Les personnes réunies dans ce groupe apprennent qu’elles ont des droits et que l’union fait la force face à la toute puissance des banques qui les expulsent grâce à un décret royal datant de …1909 !
Le mouvement vient se fêter ses cinq ans d’existence et a sauvé de l’expulsion des milliers de famille.
Le deuxième mouvement est celui de « Los Indignados » ou « 15-M », formé à partir de la manifestation du 15 Mars 2011 et l’occupation de la Puerta del Sol à Madrid, qui a provoqué dans toute l’Espagne une série de manifestations pacifiques, contre le bipartisme PP-PSOE, contre le pouvoir des banques et des marchés, et pour une démocratie plus participative. A noter que ce mouvement vient de plusieurs tendances et se dit apolitique..
« El 15M es lo que hacía falta y nadie se esperaba, lo que todo el mundo queríamos que ocurriera, que era como una explosión de participación y lo que parecía que nunca iba a venir porque España era un páramo de movilización: teníamos las tasas más altas de paro, unas de las peores condiciones laborales y sin embargo todo el mundo se quejaba en el sofá o en el bar, y de repente cambia. » Pablo Padilla
Il vient de se faire connaitre de nouveau à travers une manifestation monstre qui a eu lieu à Madrid ce 22 mars. Cette manifestation a été à l’origine une marche vers la capitale issue de huit villes de provinces et venant de catégories sociaux-professionnelles diverses. Leur revendication principale était le refus d’endosser la dette exigée par l’Europe, mais a été dépassée par d’autres revendications comme le droit à l’avortement, à la dignité, demande de baisse des impôts, réglementation des banques, etc…
Les huit délégations ont été rejointes à Madrid par de nombreux habitants de la capitale, et l’on a pu voir à la Puerta del Sol des drapeaux tricolores de la République espagnole…
Quel est le point commun de ces deux mouvements complémentaires : le refus de l’injustice, la solidarité, le combat pour faire entendre les droits élémentaires d’une personne.
Lors de notre dernier voyage en Cantabrie, nous avons participé aux manifestations revendicatives de Mieres (Oviedo), le 1er mai 2014.