Les secrets de la “abuela” de Olivia Ruiz

Bon nombre d’entre-nous avons une grand-mère avec laquelle nous avons partagé sa vie et peut-être ses secrets. Mais quand cette abuela vient de l’exil républicain espagnol, cela doit provoquer un petit pincement au cœur. Alors suivez le conseil de notre amie Maria Priser et plongez-vous dans le roman passionné de Olivia Ruiz : LA COMMODE AUX TIROIRS DE COULEUR.

LA COMMODE AUX TIROIRS DE COULEUR

Nouvelle librairie de Sète, ce 11 juillet 2020. Sous un soleil de plomb, une longue file de gens venus rencontrer une chanteuse populaire. La jeune femme est belle et digne avec ses longs cheveux noirs, portant bien haut ses racines espagnoles. Elle se prête avec grâce aux selfies d’usage avec ses admirateurs, échange des mots, appose quelques lignes sur la page de garde de son roman. Cette jeune femme s’appelle Olivia Ruiz. Elle vient présenter son premier roman, la commode aux tiroirs de couleur.

L’histoire : une jeune femme vient de perdre sa grand-mère, Rita et reçoit en héritage une commode multicolore avec neuf tiroirs. Un simple meuble sans valeur marchande ? Non, une relique d’une valeur inestimable : elle renferme les secrets de Rita. Et voilà maintenant ce meuble devant elle, se trouvant libre d’en percer les secrets. Ce qu’elle va faire l’espace d’une nuit, faisant revivre Rita : l’histoire d’une petite fille orpheline qui avec ses deux sœurs a dû fuir l’Espagne en 1939, et qui a fait partie des déracinés si mal accueillis par la France de l’époque.  Un amour détruit prématurément. Rita a dû se construire une vie dans un pays qui n’était pas le sien, avec ses joies, ses peurs, ses amours et ses peines. 

Ce sont des fragments de vie que Rita a choisi de passer sous silence comme beaucoup de gens ayant vécu l’expérience de la guerre et de l’exil. C’est aussi l’histoire d’une immense solidarité entre déracinés, et de féminisme, la femme au sens large du terme étant centrale dans ce récit.

C’est aussi une typique grand-mère espagnole, personnage pilier de la famille dont la perte est inconsolable. En Rita, nous pouvons reconnaitre la « abuela » que nous avons connu et faire revivre des souvenirs depuis longtemps enfouis comme les repas du dimanche réunissant toute la famille.

Un roman ? Sans aucun doute. Un récit autobiographique ? Certainement. Oliva Ruiz évoque son passé familial sans en parler ouvertement, comme un moyen de transmission. Une possibilité de briser le silence, enfin.

C’est évoqué avec beauté, dignité et avec beaucoup d’humour, un roman qui se lit vite, et qui est fluide. Un écrit coloré, révélant un talent prometteur de conteuse.

Maria Priser

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