Une trentaine de personnes se sont rendues à Limoges, le samedi 19 et dimanche 20 mars 2016 pour évoquer l’empreinte laissée par la République espagnole dans l’enseignement et pendant la deuxième guerre mondiale dans le Limousin.
Nous avons été accueillis chaleureusement à l’Hôtel du département par l’Association mémorielle Ateneo Republicano du Limousin, qui tenait un colloque sur l’enseignement de la République Espagnole. Ce fut un moment de partages et de joie, avec quelques repas conviviaux, les chansons de notre ami Luis Casares pour nous égayer.
L’empreinte de la République Espagnole : La méthode Freinet dans l’enseignement en Espagne :
Le colloque recevait le pédagogue et universitaire valencien, Alfred Ramos. Son dernier ouvrage : Mestres de la Imprenta. El Moviment Freinet Valencia (1931 – 1939) : les maîtres imprimeurs dans le mouvement Freinet à Valence.
Ce livre s’appuie sur des recherches historiques concernant la période de la République espagnole, période où l’éducation et l’instruction vivaient un état de recherche, d’émulation intenses tournées vers l’éducation pour tous, valorisant les richesses individuelles de chaque enfant, quelle que soit son origine sociale. Ce mouvement visait une société nouvelle par l’élévation du niveau culturel et la disparition d’un analphabétisme très répandu (44 % en 1930), un enseignement public, laïque et de qualité avec la mise en place d’un projet pédagogique d’ampleur qui perdure jusqu’en 1939.
Pour contextualiser ce mouvement il est intéressant de faire référence aussi au livre traduit en français de l’universitaire Julio Ruiz Berrion dont le titre est : « La rénovation pédagogique de la fin du XIX° à 1939 »
Ce mouvement se heurtait évidemment aux institutions en place, en particulier le clergé qui avait jusqu’alors la charge de l’éducation élitiste en Espagne.
« Las Maestras de la República » : l’empreinte laissée par les femmes enseignantes dans l’enseignement de la République espagnole.
Le partage des idées en réhabilitant cette période fut enrichi par la projection du documentaire (sous–titré en français par des adhérents de Mer 47) sur les enseignantes de la République Espagnole : « Las Maestras de la República ».
Ce témoignage vidéo relate l’ébullition spirituelle, philosophique et sociétale qui animait l’œuvre de cette république dans l’enseignement. De plus cette révolution mettait en mouvement la place des femmes dans une perspective égalitaire d’émancipation.
Un enseignement éphémère et novateur :
Novateur car il se voulait de qualité, laïc et obligatoire. Parce qu’il formait une nouvelle génération d’enseignants qualifiés et engagés, passionnés par l’éducation des enfants. Ces derniers recevaient une formation pratique qui leur permettait de rentrer dans la vie active. Et surtout, il permettait l’autonomie des femmes, que ce soit les enseignantes ou les jeunes filles qui étaient formées pour être autonomes et avoir un travail un jour.
La fin de cette période éphémère :
Malheureusement, cette République, éphémère même si elle avait semé des idées durables et irréversibles, a donné place par sa chute, à une répression franquiste double pour les femmes : perte de leur statut d’enseignante, régression dans la reconnaissance humaine et sociale de la femme dans la société en la renvoyant au foyer, à la clandestinité et /ou la prison.
Ce documentaire qui est animé par des universitaires et des descendants des enseignantes elles-mêmes comme la fille de Maria Sanchez, montre la trace laissée par cet enseignement qui est toujours vivace tant de décennies plus tard et que l’on remet à l’honneur aujourd’hui car il a permis de former des milliers d’enfants.