Nous étions nombreux ce mercredi 4 mars au cimetière de Monclar d’Agenais pour rendre un dernier hommage à Jaime OLIVES
Jaime nous a quittés le 1er mars 2015 à l’âge de 93 ans.
93 ans faits de luttes pour la liberté et la justice dont, unis autour de lui et symbolisant tous les combats de sa vie, ont témoigné représentants de MER 47, de l’ANACR , de la CGT, du Parti Communiste et de l’Amicale des Guerilleros.
Jaime OLIVES était né le 3 janvier 1922 à Pons en Catalogne. Il avait 14 ans au moment du coup d’état de Franco le 18 juillet 1936 et dès l’âge de 16 ans s’est engagé pour défendre la République. Trop jeune pour porter les armes, il sera chargé de récupérer les papiers et effets des disparus au combat et de prévenir leurs familles, tâche combien difficile et ingrate. Il occupera par la suite les fonctions de délégué du Secours Rouge catalan, assurera l’organisation des centres de secours et l’évacuation vers la France des enfants espagnols, en lien avec la Croix Rouge. Il franchira la frontière pour la dernière fois le 9 février 1939.
De là, avec l’aide d’un ancien des Brigades Internationales, il rejoindra Bordeaux puis le Lot-et-Garonne où il trouvera du travail à Cancon puis à Villeneuve-sur-Lot comme maçon. Début 1942 il deviendra l’un des animateurs en Lot-et-Garonne du réseau de résistance « Reconquista de España ». Arrêté le 7 juillet 1942, il sera détenu jusqu’en novembre 1942 à la prison Furgole de Toulouse, annexe de la prison Saint-Michel. Affecté à l’infirmerie de la prison, il profitera de ses déplacements pour mobiliser et passer les informations. Et c’est ainsi que lorsque le maréchal de Lattre de Tassigny arrivera en détention, il sera accueilli par une vibrante Marseillaise entonnée par les 400 détenus qui vaudra au directeur de la prison sa suspension. Jaime sera conduit au camp de Noé puis finalement rattaché au G.T.E du camp de Casseneuil en Lot-et-Garonne d’où il sera affecté à des travaux sur la voie ferrée Bordeaux-Vintimille. Logé à Agen, il devient agent de liaison et doit entrer dans la clandestinité le 3 mars 1943 pour éviter un nouvel emprisonnement.
Aux côtés notamment de Mateo Blazquez, « Marta », il intégrera le maquis de la Torgue près de Tonneins qui deviendra ensuite le Bataillon Arthur en hommage au résistant toulousain André Delacourtie abattu à Agen dans l’église Saint-Hilaire. Au sein du bataillon Arthur, les Républicains espagnols se regrouperont dans le détachement X, dont Marta était le chef militaire et Jaime le commissaire et joueront un rôle déterminant dans les combats de la Libération. Jaime a participé à la libération d’Agen le 20 août 1944 et a reçu à ce titre le 22 mars 2009 la médaille de la ville d’Agen après celle, le 21 novembre 2008, de la ville de Bordeaux.
Revenu à la vie civile, Jaime a eu des responsabilités syndicales importantes à la société SOCEA BALENCY dont il était délégué syndical CGT, délégué du personnel, membre élu du Comité d’Entreprise et du Comité Central d’Entreprise.
Le 20 juillet 2012, Jaime était à nos côtés à Arx pour l’hommage rendu à Marta en souvenir des durs combats du 20 juillet 1944.
Aux côtés de notre ami Florencio GOMEZ, républicain espagnol disparu il y a un an le 24 décembre 2013, il avait été l’un des animateurs de l’Union Locale CGT de Sainte Livrade.
Dès sa création Jaime OLIVES avait rejoint AMORRE, devenue par la suite MER 47, pour faire vivre la mémoire de la République espagnole et des combattants républicains. Il ne manquait jamais, pour la nouvelle année, de nous adresser, avec ses vœux, un poème qu’il avait soigneusement dactylographié et dont les thèmes étaient toujours la paix et la liberté.
Le 9 février 2014, lors de l’assemblée générale de MER 47, notre ami Fabien GARRIDO avait remis à Jaime OLIVES une copie de l’ordre de recherche qui avait été émis contre lui le 5 juillet 1943 suite à son entrée en clandestinité le 3 mars 1943 avec instruction de le faire conduire au camp de concentration du Vernet. Jaime avait à cette occasion lancé un appel vibrant aux nouvelles générations contre l’oubli et pour la transmission de la mémoire des combattants de la liberté qu’étaient les Républicains Espagnols.
Ay Carmela et Caminar s’associent à votre deuil et vous expriment leur sincère solidarité. Nous adressons à la famille de Jaime OLIVES et à tous ses amis, l’expression de nos sentiments les plus chaleureux et attrités.
Nunca se acuesta el sol par los valientes.
Un abrazo fraterno
Pour Ay Carmela et Caminar : Emmanuel