Madame Rosario Ribera : bon anniversaire !

Señora Rosario Ribera, feliz cumpleaños

Ce 6 octobre 2021, Rosario a fêté ses 104 ans, ce qui en fait, à notre connaissance, la doyenne départementale des Républicaines et Républicains Espagnols. L’Association MER47-Mémoire de l’Espagne Républicaine de Lot-et-Garonne a voulu être présente en lui envoyant des fleurs. Après avoir, pendant la guerre civile, servi la République Espagnole en s’engageant dans les services de santé, elle a dû fuir son pays pour se réfugier en France, comme 500 000 autres espagnols. Il s’agissait alors d’échapper à la barbarie de la dictature de Franco et de ses alliés fascistes allemands et italiens… lesquels, dans la foulée, déclencheront la Seconde Guerre Mondiale.
Enhorabuena Rosario, y muchas gracias !
Félicitations Rosario, et merci beaucoup.

Le service de Santé militaire républicain au début de la guerre civile

La Guerre Civile espagnole a employé sur le front et ses arrières un certain nombre de femmes en capacité d’occuper des postes dans les services de la Santé militaire. Ces volontaires ont travaillé dans des emplois indispensables comme l’évacuation des blessés des champs de bataille ou l’aide aux soins dans les hôpitaux.

Mme Rosario Ribera, 104 ans


C’est le cas de la jeune Rosario Garcia Rodriguez, comme le confirme le témoignage de sa fille Carmen : « C’est tout à fait ce que m’avait raconté maman, femme de conviction et toujours prête à aider. Elle a quitté l’école très jeune à 11 ans pour travailler. Mais dès le départ de la guerre d’Espagne, elle a mis sa vie en parallèle pour venir en aide aux soldats blessés, elle était là et beaucoup d’autres femmes, pour aider, faire leur possible pour remplacer le manque de personnel qualifié. »

L’arrivée des femmes dans le service de Santé militaire

La nomination d’une femme anarchiste, Federica Montseny comme ministre de la Santé et de l’Assistance sociale, de novembre 1936 à mai 1937, induit un changement profond dans la prise en compte du rôle de la femme par rapport à l’assistance sanitaire et sociale. Les femmes se retrouvent à tous les niveaux de responsabilité. Les religieuses ayant généralement déserté le camp républicain, les autorités sont confrontées à un grave problème, celui de gérer la pénurie de personnel qualifié. Elles font appel à des jeunes filles pour prodiguer les soins aux soldats blessés. Des cours rapides sur les premiers secours et les soins de suite sont dispensés à ces jeunes personnes destinées à travailler, à la fois à l’arrière et sur les fronts. Ces jeunes ne viennent pas des classes moyennes ou supérieures, comme c’était le cas jusqu’alors, mais de la classe ouvrière. Elles sont souvent analphabètes, ce qui empêche de valider les connaissances théoriques acquises. Grâce aux cours du soir dispensés par des enseignants bénévoles, la République réussit à combler en partie ce handicap social.

Le travail des jeunes volontaires dans le service de Santé militaire

Une fois qu’elles ont acquis le minimum requis pour pratiquer les soins nécessaires aux blessés, elles rentrent de plain-pied dans la dure réalité de la guerre. Le témoignage qui suit en dit long sur le sujet et sur la nécessité de l’esprit d’initiative dont elles doivent faire preuve pour répondre aux situations d’urgence :

« Devant elles, […] c’étaient les balles qui tombaient ici et là. Elles travaillaient quand il y avait beaucoup de morts et elles emmenaient les blessés sur des civières vers les hôpitaux, Elles étaient là. Elles soignaient les malades, les guérissaient… Elles prenaient un scalpel, s’il fallait ouvrir une plaie pour qu’elle saigne… elles l’ouvraient et la refermaient… Elles faisaient tout, oui, oui. Elles étaient préparées pour ça. »

Réorganisation du service de Santé militaire

Pendant la guerre, l’organisation du service de santé pour les civils n’a guère changé par rapport à la situation antérieure. Tandis que les services de Santé militaire sont réorganisés à partir de Madrid par le médecin-inspecteur Juan Planelles, l’un des principaux experts en santé publique. Les hôpitaux militaires sont divisés en hospitales de sangre (hôpitaux de première ligne), hospitales de carabineros (hôpitaux pour la police militaire), et des établissements de soins de suite rattachées à diverses unités combattantes de l’armée républicaine. Dans le bilan du réseau hospitalier réalisé par Le médecin valencien José Estellés Salarich, il y a 16 000 lits réservés à l’armée et un petit hôpital de campagne.

Après le déclenchement de la guerre civile, la République espagnole perd la quasi-totalité des cadres de son Service de Santé militaire. Il lui faut recruter principalement parmi les médecins civils. Fin 1936, le service dénombre six cents médecins et les produits médicaux sont très rares. La prolongation de la guerre entraîne une pénurie dramatique. L’évacuation des blessés du front est difficile du fait des faibles moyens en véhicules sanitaires. Le nombre et le modèle de fonctionnement des hôpitaux militaires est problématique. Sur les soixante-dix hôpitaux militaires, seuls vingt sont sous la responsabilité des militaires républicains. Le reste est géré soit par les autorités provinciales de la zone républicaine, soit par des structures sociales comme les syndicats. Confrontées à l’insuffisance du nombre de bâtiments, les autorités réquisitionnent des couvents désertés par les religieuses parties rejoindre les franquistes. Mais le résultat obtenu n’est pas probant. Malgré tout, le service de Santé de la République a à son actif de remarquables succès. Dans Madrid assiégée et constamment bombardée par l’aviation ennemie, six mille lits sont disponibles. Dans le cas de la gangrène, plus de soixante-dix pour cent des affectés sont sauvés grâce aux initiatives innovantes.

La politique de la Santé au début de la Guerre Civile

Sur le plan politique, au début de la guerre civile, la controverse fait rage entre ceux qui soutiennent le principe de la guerre pour la gagner et ceux qui participent à l’effort de guerre mais s’engagent aussi dans la révolution sociale. Cette dualité est illustrée par la position adoptée par le médecin José Estellés Salarich. Il occupe le secrétariat technique général de la direction générale de la santé. Il est aussi le secrétaire général de la fédération des syndicats médicaux de l’UGT.  En novembre 1936, Estellés Salarich adresse une série de critiques à la ministre de la Santé, Federica Montseny.  En ce qui concerne la Santé militaire, Estellés pointe la prolifération excessive des hôpitaux pour convalescents en raison de la rareté et de la dispersion des ressources humaines et matérielles. Il demande de coordonner les services de Santé militaires et civils pour préparer l’après-guerre. En revanche, bien qu’il semble le penser, il ne dit pas ouvertement que l’organisation du ministère dirigé par Montseny correspond à une immense bureaucratie syndicale qui dilue la responsabilité du personnel, réduisant ainsi son efficacité. Dans le cadre de la centralisation politique, le président socialiste du Conseil des ministres Largo Caballero, décrète la militarisation des hôpitaux d’une capacité supérieure à trois cents lits et la fermeture de ceux d’une capacité inférieure. Cette mesure facilite grandement la réorganisation du système hospitalier républicain à partir de 1937.

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