Notre ami Gabriel RIVERA est décédé lundi 15 juillet à AGEN à l’âge de 97 ans.
Son état de santé s’était dégradé depuis plusieurs mois et il avait demandé à être inhumé avec le drapeau républicain espagnol.
Gabriel RIVERA est né le 16 mars 1916 à Gerindote à proximité de Tolède.
Le 18 juillet 1936, au moment du coup d’état des généraux félons, il est ouvrier agricole, porte-parole de l’U.G.T et secrétaire des jeunesses communistes de son village.
Ils seront une trentaine de jeunes à se rendre à Tolède avec pour toutes armes deux fusils.
Sur place ils récupèrent les armes de ceux qui tombent.
Le 6 août 1936, ils sont affectés à la cité universitaire de Madrid où ils reçoivent leur carte de miliciens puis à Navalmoral de la Mata en Estrémadure dans la province de Cáceres.
Son frère, de dix ans son ainé, tombera sur le front de Madrid le 14 octobre 1937.
Gabriel sera lui-même blessé à deux reprises, à la tête en avril 1937 du côté de Fraga sur le front d’Aragon, puis à l’épaule pendant la bataille de l’Ebre le 11 novembre 1938.
Il a, à l’époque, le grade de capitaine et exerce les fonctions de commissaire des armées suppléant.
A la sortie de l’hôpital il connaîtra la retirada, passera la frontière au Perthus en février 1939, puis sera interné au camp de concentration de Saint Cyprien.
Plus tard il sera livré par la police de Vichy à l’organisation allemande TODT après un passage à la caserne Niel de Bordeaux-Bastide d’où on l’affecte à la construction de la Base sous-marine.
Responsable d’un réseau interne de résistance, il coordonne six« troïkas » (soit 18 hommes) chargés de faire parvenir des renseignements et de saboter le matériel en ne respectant pas les normes d’usinage.
Un membre d’une des “troïka” sera arrêté et parlera sous la torture.
Alors qu’il est à l’intérieur de la Base, il est prévenu, demande une permission médicale au prétexte d’une rage de dents et réussit à échapper à l’arrestation par les Allemands.
Il rentre dans la clandestinité et, après plusieurs contacts, rejoint les maquis landais.
Il participera à la libération d’Agen.
Après la Libération il continuera son combat pour la restauration de la République en Espagne.
Une première fois trahi par la politique de non intervention de la France, il le sera une nouvelle fois lorsque le gouvernement français, à la demande du régime fasciste de Franco, déclenchera le 7 septembre 1950 l’opération policière Boléro-Paprika contre les combattants antifranquistes résidant en France.
Gabriel RIVERA devra alors fuir Agen où il demeurait et se camoufler pendant plusieurs mois dans la campagne lot et garonnaise.
Le 21 novembre 2008, Monsieur Alain JUPPE, Maire de Bordeaux, lui a remis, aux côtés de douze républicains espagnols qui s’étaient illustrés dans la résistance à Bordeaux et en Aquitaine, la médaille de la ville de Bordeaux.
Parmi les douze récipiendaires figuraient, outre Gabriel RIVERA, deux autres lot et garonnais, nos amis Jaime OLIVES et Isaac CASARES.
Le 22 mars 2009, Monsieur Jean DIONIS DU SEJOUR, Maire d’Agen, lui a, à son tour, remis la médaille de la ville d’AGEN.
Tous se souviennent de l’émotion qui entourait cette cérémonie que Gabriel avait conclue en entonnant des chants républicains.
MER 47 s’incline devant la douleur de ses proches et de tous les amis qui ont eu le bonheur de le connaître.