CUANDO UN AMIGO SE VA…

Notre ami Henri Mejias nous a quittés le 27 novembre 2022, à l’âge de 71 ans, victime d’une maladie incurable qui l’a emporté en quelques mois. Il était le fils de Salvador Mejias et de Maria-Pilar Alfonso, tous deux Républicains espagnols ayant dû fuir la dictature franquiste, au moment de la Retirada.

Salvador traverse les Pyrénées en février 1939. Il est interné dans le camp de concentration du Vernet d’Ariège, puis celui d’Argelès-sur-Mer, et enfin à Septfonds (Tarn-et-Garonne). En novembre 1939, il est « recruté » par la SMP de Fumel. Avec lui, des centaines de Républicains espagnols arrivent dans l’usine métallurgique pour remplacer la main-d’œuvre locale mobilisée après la déclaration de guerre à l’Allemagne. Regroupés dans une Compagnie de Travailleurs Etrangers (CTE) leurs conditions de vie ne sont guèremeilleures que celles des camps. Logés dans des wagons, et dans des magasins désaffectés, ils dorment sur de la paille. L’hygiène est sommaire. Pendant l’hiver 1940, ils font leur toilette autour d’un grand bassin rempli d’eau froide, placé à l’extérieur. Seule l’alimentation constitue le point positif : ils mangent à la cantine de la SMP.

Maria Pilar arrive en France, en provenance de Barcelone. Elle passe la frontière en janvier/février 1939. Puis elle est envoyée dans un centre de rétention administrative, pudiquement appelé « centre d’accueil », situé près de Clermont-Ferrand. Ensuite, les aléas de la vie l’amènent à Fumel, où elle rencontre Salvador et où ils élèvent Henri et Manolita.

Henri voit le jour à Fumel, le 6 février 1951. Il fait sa scolarité dans cette ville, non sans être un brin rebelle et anti-conventionnel. Après sa formation, il occupe un emploi de plombier-chauffagiste. A la suite d’un accident de travail, il doit se reconvertir. Il se marie en 1973 avec Annie Foulou qui lui donne le petit Cyril. En 1977, le couple doit « s’expatrier à Paris » pour le travail. Pour Henri, ce sont les services de la Poste, et pour Annie, France Télécom.

Henri cesse son activité professionnelle en 2004, au cours de laquelle il a participé aux mouvements sociaux dans son entreprise. Il profite de sa retraite pour s’engager dans l’humanitaire auprès des « Restos du Cœur » de Villejuif. Pendant de longues années, il fait les collectes, la récupération et la distribution de nourriture et de mobilier, ainsi que l’élaboration et la distribution de repas aux SDF, etc… Son investissement, et sa gentillesse en faveur des nécessiteux lui valent un vibrant hommage des « Restos du Cœur » et la remise à son épouse de la photo à la Une de cet article, prise pendant ses actions humanitaires. Il s’engage aussi pour tous les Téléthon organisés au sein de sa ville de Chevilly-Larue : ventes diverses au profit de l’AFM.

En 2020, le couple quitte Paris. Passionné de nature, de flore et de faune, de randonnées, Henri se retire, avec son épouse, dans la maison familiale de Blanquefort-sur-Briolance. Grand collectionneur dans plusieurs domaines, il montre un intérêt tout particulier pour les timbres anciens espagnols. Mais, il éprouve à nouveau le besoin de se « rendre utile ». Il offre ses services à l’école Montessori du village, et assume auprès des enfants, un service à la cantine scolaire, et ailleurs. Son sens de l’engagement bénévole permet à Madame la Maire de lui rendre un émouvant hommage.

Fort de son histoire familiale, marquée par la République espagnole, Henri adhère en 2008 à MER47. Son épouse et sa sœur deviennent également adhérentes. Ils participent, quand ils le peuvent, aux diverses rencontres et débats organisés par notre association. Leur adhésion est un soutien appuyé au travail mémoriel de MER47. Un travail qui, en collaboration avec celui de nombreuses associations françaises et espagnoles, a permis d’aboutir à de grandes avancées comme la loi de Mémoire Démocratique d’octobre 2022 et celle qui se prépare sur le scandale des bébés volés.

Henri a été exceptionnel et affectueux comme père avec Cyril et grand-père avec Valentin et Clément. Lors de ses obsèques, le 2 décembre 2022, une foule nombreuse composée de sa famille, amis et voisins l’a accompagné. Les hommages se sont succédés, notamment celui de MER47.

Henri, merci pour tout !

Enrique, gracias por todo. ¡Hasta siempre camarada!

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Louis Rodriguez

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