Voyage en Cantabrie – 5 – Visite du cimetière civil de Santander, el Ciriego

 Le 2 mai visite du cimetière civil de Santander : el Ciriego

 Nous nous retrouvons devant une douzaine de grandes stèles avec une centaine de noms gravés sur chacune d’entre elles dans la section 52 du cimetière municipal de Ciriego. Chaque stèle est placée devant l’emplacement d’une fosse commune bien identifiée par un carré de fleurs.

 La personne qui nous fait la visite de ce fameux carré 52 est un personnage haut en couleur qui s’appelle Antonio Ontañon, Président de l’Association « Heroes de la Republica y de la Libertad ».

 Il nous explique que de 1937 à 1948, une répression féroce s’est abattue sur Santander. Quand la ville est tombée aux mains des forces franquistes, la cinquième colonne phalangiste avait déjà des listes avec les noms des républicains à éliminer. Ces derniers furent pourchassés et capturés. Beaucoup subirent des « Paseos », à savoir qu’on venait les chercher pour les fusiller au bord d’un chemin quelconque où on les enterrait comme des chiens.

 D’autres subirent un procès régulier ou plus exactement un simulacre de procès, par un tribunal militaire. Les inculpés étaient jugés par groupes de cinquante personnes, avec un seul avocat pour défendre tout le groupe, et cet avocat commis d’office était un militaire. La plupart du temps, les personnes étaient condamnées à mort.

La veille de leur exécution, les condamnés étaient conduits à une « chapelle » où le curé du coin, conseillait à ces malheureux de se repentir de leurs péchés pour avoir la possibilité d’aller au paradis.

 Vers six heures du matin, on attachait les condamnés avec des câbles électriques, car il n’y avait pas assez de menottes pour tout le monde. On les conduisait en camion devant le mur du cimetière de Ciriego, près de la section 52. Par camion, il y avait en moyenne une quinzaine de personnes, et quelquefois, il pouvait y avoir quatre ou cinq camions à la fois… les condamnés étaient fusillés devant le mur extérieur du cimetière, jetés de l’autre côté de la grille de la porte, où ils recevaient leu coup de grâce.

 Puis on chargeait les cadavres sur des charrettes à bras et on les portait vers des tranchées assez profondes qui avaient été creusées par des prisonniers républicains. On renversait les cadavres dans la fosse que l’on recouvrait avec de la chaux vive.

 Comme il avait été décidé qu’il ne devait rester aucune trace de ces malheureux, ils n’étaient pas inscrits dans les registres du cimetière de Ciriego

 A partir de 1980, Antonio, lui même fils de républicain, et ses collègues, vont mener un travail de fourmi pour faire sortir de l’oubli ces victimes enterrées anonymement dans les fosses communes.

 Afin de mettre un nom sur les 1 200 personnes enterrées dans le cimetière, il va éplucher les registres du cimetière, ceux de la prison de Santander, et ceux des archives de la Guerre Civile de Salamanque. Du fruit de ses recherches, apparaitront les noms de ces personnes qui sortent ainsi du néant de l’oubli et récupèrent leur dignité.

L’ouvrage d’Antonio « Rescatados del Olvido », liste tous ces noms, ainsi que ceux de leurs juges, et de leurs bourreaux.

Grâce à des souscriptions populaires,  les douze monuments ont été érigés près des fosses communes. Sur chacun d’entre eux, par ordre alphabétique afin de faciliter les recherches aux familles, sont inscrits une centaine de noms.

D’autre part, Antonio a fini par obtenir du maire de Santander qu’un registre annexe à celui du cimetière soit créé avec le nom de tous les suppliciés enterrés.

 Nous souhaitons rendre un hommage tout particulier à Marie-Carmen Audren Vega qui nous accompagnait lors de ce voyage et dont le père, fusillé le 14 Octobre 1937, repose dans l’une des fosses communes du cimetière de Ciriego. Son nom figure sur l’une des stèles. Nous saluons la discrétion de Marie-Carmen qui n’a pas souhaité s’exprimer lors de la visite du cimetière. Souvent, les grandes douleurs sont muettes…

Marie_Carmen Audren Vega devant le monument du carré 52 du Ciriego ou repose son père, victime des crimes franquistes.
Marie_Carmen Audren Vega devant le monument du carré 52 du Ciriego ou repose son père, victime des crimes franquistes.

Un article consacré à ce sujet dans le journal « l’Humanité » du 7 mai 2014:

Série de trois vidéos dans lesquelles Antonio Ontañon Toca évoque les faits historiques du massacre des Républicains et le travail de son association pour indentifier les suppliciés.

Un article sur le livre de Antonio Ontañon Toca « Rescatados del Olvido » :

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