HOMMAGE A LA REVOLUTION DES ASTURIES ET AUX EVENEMENTS D’OCTOBRE 1934 LORS DE DEUX JOURNEES QUI SE SONT TENUES À L’ESPACE D’ALBRET DE NERAC
Ce colloque s’est tenu sous les auspices de MER47, les amis du Vieux Nérac, Ancrage, Geneviève Dreyfus-Armand, et David Ruiz, professeur émérite à l’université d’Oviedo et spécialiste de cette période. Ces journées avaient pour but de célébrer les quatre-vingt ans de la révolution des Asturies. Nérac est d’ailleurs à ce jour la seule manifestation réunie pour analyser les faits historiques ayant marqué la vie de centaines de personnes, et prémonitoire de la guerre civile espagnole.
Deux journées riches en débats, travaux et communications importantes
Ces deux jours ont été riches en travaux et témoignages divers : David Ruiz a resitué les événements dans l’Espagne des années trente, Alexandre Fernandez a planté le décor économique et industriel des Asturies pendant la première moitié du vingtième siècle. Jean Ortiz a évoqué les aspirations de la commune asturienne, et les raisons qui l’ont poussé à l’insurrection armée. Josu Chueca nous a décrit la situation au Pays Basque, et nous avons pu lire une communication de Manel Lopez Esteve sur la révolution d’octobre 1934 en Catalogne.
Trois études ont également apporté un éclairage intéressant à ces journées d’étude : Cindy Coignard a évoqué la mobilisation des femmes marxistes en octobre 1934, mettant en relief une certain implication des femmes dans les événements de l’époque. De même Céline Piot nous a livré une étude approfondie de la retranscription de cette période dans la presse régionale du Sud-Ouest. Xavier Iturralde nous a livré le parcours et l’analyse d’un catholique républicain.
Des témoignages de descendants de mineurs
Les témoignages émouvants de Marie Rolland, et de Robert Martin, fille et petit-fils de mineurs Asturiens ont mis en lumière l’engagement d’hommes et de femmes anonymes qui, au péril de leur vie, se sont battus pour une chose simple : pouvoir vivre dignement. Ils en ont payé le prix fort : la prison et l’exil.
Les débats avec David Ruiz et la représentante de Podemos
Ce colloque s’est achevé par une table ronde autour de David Ruiz et de Veronica Gomez Fernandez, représentante du mouvement citoyen et politique actuel Podemos. Ces derniers ont fait des liens entre le passé et le présent, évoquant notamment le besoin actuel de faire évoluer le bipartisme figé en Espagne, la nécessité de moraliser la vie politique, et d’envisager d’autres formes de citoyenneté et de représentativité. Sans parler de la Mémoire Historique et de la Justice que les survivants républicains et leurs familles attendent toujours, presque quarante ans après la mort du dictateur Franco !
Des événements prémonitoires de la guerre civile
La révolution des Asturies a été comparée à la Commune de Paris, magnifiée par Romain Rolland, Albert Camus, dénigré par la droite effrayée de son ampleur et les messages qu’elle a véhiculé.
Ces événements de 1934 doivent être bien replacés dans le contexte de l’époque : droite conservatrice qui revient au pouvoir avec un parti vitrine du fascisme en essor, la CEDA, crise économique, syndicalisation forte d’une grande partie de la classe ouvrière pour défendre ses intérêts.
Comme l’a bien démontré Jean Ortiz lors de son exposé, le mouvement échoue par manque de mobilisation et parce qu’il n’a pas été élargi à d’autres strates de la société. C’était un problème prolétaire.
La répression du mouvement insurrectionnel a été d’une violence extrême : viols, exécutions sommaires, des milliers d’arrestations : on y retrouvent les Regulares, le Tercio, la Guardia civil, C’est Franco qui dirige la répression avec Yague et Lopes Ochoa, qui s’illustreront de sinistre manière lors de la guerre civile. Il fallait paralyser l’ennemi par la terreur, l’écraser.
Des liens frappants avec l’actualité présente
O combien troublantes sont les similitudes que nous pouvons faire avec notre époque actuelle : montée de l’extrême droite, grave crise économique, revendications catalanes d’autonomie, abdication d’un roi. Cette phrase de Winston Churchill est plus que jamais d’actualité : « un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre ».
Le concert du groupe Las Cerezas de samedi soir
Le groupe las Cerezas nous a régalé d’un magnifique concert Samedi soir, célébrant les mineurs, mais aussi les grands poètes républicains dont Machado et Lorca, toutes deux victimes du franquisme.