Hommage de Luis Garrido, fils de républicain espagnol, à son père Albino

Lors de l’assemblée générale de MER47, qui s’est tenue dimanche 11 février 2024, Luis Garrido est venu parler du livre de son père « Albino Garrido. Une longue marche. De la répression franquiste aux camps français », tout d’abord publié en français en janvier 2012 par les Éditions PRIVAT puis publié en février 2013, en version espagnole, par Editorial MILENIO.

« Albino Garrido. Una larga marcha. De la represión franquista a los campos de refugiados en Francia ».

Luis Garrido, au cours de l’hommage rendu à son père Albino

Luis Garrido est fils de parents républicains espagnols; son père, Albino Garrido San Juan est originaire de Tornadizos de Ávila (province d’Ávila) et sa mère, Felisa Orozco García est née à Madrid.

En 2001, son père alors âgé de 82 ans va raconter sur deux cahiers d’écolier sa longue marche qui a duré 79 jours, depuis son évasion du camp de concentration franquiste de Castuera (province de Badajoz), le 4 janvier 1940, jusqu’à son internement au camp de Gurs le 22 mars 1940.

Après avoir fait un rappel historique sur la proclamation de la IIe République, la révolte des Asturies, la victoire du « Frente Popular » et le coup d’état militaire orchestré par les généraux les 17 et 18 juillet 1936, c’est avec beaucoup d’émotion et de précision que Luis Garrido a remémoré et partagé le parcours de son père pendant la Guerre d’Espagne.

Lorsque la guerre éclate, Albino n’a que 17 ans, la terreur souhaitée par le Général Mola se propage dans son village de Tornadizos ; le maire est fusillé, il y a en tout 10 victimes.

Le sud de la province d’Avila reste fidèle à la République ; Albino décide de s’engager dans la colonne du lieutenant-colonel Julio Mangada, il se bat aux cotés de 1000 hommes mais les colonnes sont mal organisées, il rejoint alors la 34ème Brigade Mixte. Il est démobilisé mais en avril 1937 il s’engage dans l’aviation, il parcourt les petits aérodromes. Puis il intègre la 41ème Division, le service du SIM ( servicio de investigación militar). A la fin de la guerre il est arrêté et conduit le 1er mai 1940 dans le camp de Castuera, il va y rester huit mois. Organisé en quatre rangées de dix baraquements, le camp a accueilli entre dix mille et vingt mille prisonniers.

Un auditoire attentif

Les camps franquistes avaient trois missions : classer, éliminer, récupérer et éduquer. Les prisonniers étaient classés en quatre catégories selon leur degré d’implication et d’opposition au régime franquiste. Tous étaient humiliés, forcés à chanter le Cara el sol, accompagné du salut fasciste et des communions collectives étaient organisées. Les hommes étaient enrôlés dans des Bataillons de travailleurs forcés. Ernesto Navarrete Alcal, directeur du camp les premiers mois va réprimer et faire exécuter de nombreux prisonniers qui sont enterrés dans des fosses communes.

Le 4 janvier Albino va s’évader avec cinq camarades, ils marchent de nuit, en suivant l’étoile polaire et à l’aide d’un livre de géographie. Deux d’entre eux se font arrêter, les autres arrivent en France à Urdos au bout de 79 jours mais contrôlés par les gendarmes ils sont internés au camp de Gurs.

Cette présentation s’est achevée de façon émouvante par des photos du retour de Albino au camp de concentration de Castuera en 2006, des photos des fosses et une chanson interprétée par Lucía Sócam qui rend hommage à l’épopée d’Albino.

Marie Ange GONZALEZ.

Albino GARRIDO – Une si longue marche – Editions Privat – nouvelle édition de février 2023 disponible auprès de MER 47.

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