Les Républicains Espagnols en Lot-et-Garonne – 9- Résistance

Lot-et-Garonne : de la solidarité avec l’Espagne Républicaine aux Républicains Espagnols devenus lot-et-garonnais[1. Cette conférence a été préparée à l’aide des travaux réalisés par nos amis Pierre ROBIN, animateur des Amis du Vieux Nérac, Fabien GARRIDO et grâce aux recherches effectuées aux archives départementales de Lot-et-Garonne par nos amis de MER 47 : André ESCOBAR, Isabelle MAZEAU, Louis RODRIGUEZ, Paquita RUIZ.]

 

Les Espagnols dans la résistance en Lot-et-Garonne

Contrairement à d’autres régions où des maquis totalement autonomes de guerilleros existaient (Pyrénées, Ariège, Gard…) en Lot-et-Garonne les Républicains espagnols se sont intégrés dans les maquis avec des Français et d’autres nationalités.

Ils avaient de par l’expérience acquise pendant la guerre d’Espagne un rôle majeur dans la formation et l’instruction des maquisards et occupaient souvent des postes de responsabilité.

Nous évoquons, en fin d’article, le parcours de certains d’entre eux :

– Mateo BLAZQUEZ « Marta »
– Isaac CASARES « Tony »
– Jaime OLIVES
– Gabriel RIVERA

Les Espagnols du maquis de Castelnau

Le 20 juin 1944 six guerilleros espagnols du maquis de Castelnau-sur-Auvignon tombent dans un guet-apens tendu par les troupes allemandes, route de Lasserre à Francescas, désormais « Chemin des Espagnols ».

Cinq d’entre eux seront tués : Vicente DALLA BENLUCE, José MANCHANTE, Ramon PENILLA, Julian RAMIRO ANADON et Tomas SAN ANTONIO. Le sixième, Eusebio SALEGUI, réussira à s’enfuir en faisant semblant de mener à la pâture deux vaches qui se trouvaient à proximité.

Castelnau sur Auvignon

Chaque année nous nous rassemblons devant le monument aux morts dressé sur le lieu où ces cinq républicains espagnols ont été exécutés.

Le lendemain 21 juin, les troupes allemandes ont attaqué, de 7 heures du matin à environ 14 heures, le village de Castelnau-sur-Auvignon où se trouvaient regroupés plusieurs centaines de résistants du bataillon d’Armagnac et de la 35ème brigade.

Parmi eux plusieurs centaines de guerilleros espagnols placés sous le commandement de Tomas GUERRERO ORTEGA « CAMILO » qui supporteront l’essentiel des attaques et permettront au gros des résistants de s’échapper en direction de Condom.

Quatre résistants français ( André COUCUSSAUTE, Etienne FLORENSAN, Pierre RENGADE, Pierre SARDA ) et dix guerilleros espagnols ( Juan ALVAREZ SANCHEZ, Manuel ALVAREZ, Pablo GARCIA MARTINEZ, Jésus Miguel HERRERA, Salvador HERNANDEZ GARCIA, Alfonso MARTINEZ VAQUERO José Maria ORTEGA, Gabriel PLAZUELO ESPOSITO, Salvador TORRES, José VALIENTE MURILLO ) trouveront la mort et vingt-neuf combattants, essentiellement des espagnols, seront blessés au cours des affrontements qui infligeront des pertes importantes aux troupes allemandes.

Une stèle a été édifiée au cimetière de Condom en l’honneur des victimes de ces combats et un hommage leur est rendu chaque année le 21 juin à Condom puis à Castelnau-sur-Auvignon.

QUATRE REPUBLICAINS ESPAGNOLS DANS LA RESISTANCE

Mateo BLAZQUEZ « Marta »

Né le 15 septembre 1919 à Madrid, « Marta » a participé notamment aux combats de Guadarrama et Somosierra. Le 12 février 1939, il arrive en France par Port-Bou et va connaître les camps de St-Cyprien, Argelès, Le Barcarès (66) puis Septfonds (82). Il sera affecté à la poudrerie de Sainte-Livrade en Lot-et-Garonne puis en Mayenne et après une tentative d’évasion dans une exploitation forestière des Landes.

En avril 1943, il entre dans la clandestinité et, sous le nom de guerre de « Marta », est un des fondateurs du maquis de la Torgue devenu ensuite le bataillon Arthur rattaché aux FTPF.  Il participe à de nombreuses actions armées en Lot-et-Garonne et alentours, puis prend la direction du       « Détachement X » du bataillon Arthur formé uniquement d’Espagnols. Le 20 juillet 1944, lors d’un violent engagement contre les nazis à Arx, il réussit à mettre hors de combat un blindé allemand. Début août 1944, il est nommé Commandant en Chef de la 24ème Division des Guérilleros.

Homologué capitaine FFI, « Marta » retrouve la vie civile en mars 1945 et jusqu’aux années 50 accomplira plusieurs missions clandestines en Espagne. Mateo Blazquez est décédé le 31 octobre 2011 et une plaque commémorative a été inaugurée le 21 juillet 2012 à Arx en présence de son camarade de maquis Jaime OLIVES.

Isaac CASARES « Tony »

Il est né le 6 juillet 1921 à St-Sébastien et fait partie des vétérans de MER 47.

Lorsque le coup d’état fasciste des généraux félons tente de renverser le gouvernement que le peuple espagnol vient d’élire massivement au suffrage universel, Isaac n’a qu’une quinzaine d’années. Il participe déjà à l’effort de guerre et de résistance en travaillant dans des ateliers d’armement puis lorsque le front Nord tombe en août 1937 sera évacué par bateau vers la Vendée d’où il rejoindra la Catalogne.

Ce sera ensuite la retirada et les camps d’Argelés, Bram puis Septfonds d’où, comme beaucoup d’autres il sera envoyé, avec les CTE, à Fumel, à l’usine SMMP.

Il fera le travail de sabotage de l’effort de guerre allemand dans l’usine puis, après plusieurs péripéties, rejoindra la résistance dans le groupe « Soleil » de René COUSTELLIER dont il sera le chauffeur et participera à la libération de Périgueux, Angoulème, Bordeaux jusqu’à la poche de La Rochelle.

Il a reçu le 21 novembre 2008 la médaille de la ville d’Agen puis le 22 mars 2009 celle de la ville d’Agen au titre de son activité dans la résistance.

Jaime OLIVES

Jaime OLIVES à ARX en 2012Né le 3 janvier 1922 à Pons en Catalogne, il fait partie des vétérans de MER 47.

Jaime a été l’un des animateurs en Lot-et-Garonne du réseau Reconquista de España. Arrêté le 7 juillet Dans le cercle blanc, Jaime OLIVES défile lors de la libération d'Agen1942, il a été détenu jusqu’en novembre 1942 à la prison Furgole de Toulouse d’où il a été conduit au camp de Noé puis finalement à celui de Casseneuil en Lot-et-Garonne. Il s’en est échappé le 3 mars 1943 pour entrer dans la clandestinité et former, aux côtés notamment de Mateo BLAZQUEZ, le maquis de la Torgue près de Tonneins, intégré ensuite au Bataillon Arthur. Il a participé à la libération d’Agen le 20 août 1944 et a reçu à ce titre le 22 mars 2009 la médaille de la ville d’Agen après celle, le 21 novembre 2008, de la ville de Bordeaux.

Gabriel RIVERA

Gabriel RIVERA est né le 16 mars 1916 à Gerindote à proximité de Tolède et est décédé le 15 juillet 2013 à Agen à l’âge de 97 ans.

Pendant la guerre d’Espagne il sera blessé à deux reprises, à la tête, en avril 1937 du côté de Fraga sur le front d’Aragon, puis à l’épaule, pendant la bataille de l’Ebre le 11 novembre 1938. Il a, à l’époque, le grade de capitaine et exerce les fonctions de commissaire des armées suppléant. A la sortie de l’hôpital il connaitra la retirada, passera la frontière au Perthus en février 1939, puis sera interné au camp de concentration de Saint-Cyprien.

Plus tard il sera livré par la police de Vichy à l’organisation allemande Todt et affecté à la construction de la Base sous-marine de Bordeaux.

Responsable d’un réseau interne de résistants, il coordonne six« troïkas » (soit 18 hommes) chargés de faire parvenir des renseignements et de saboter le matériel en ne respectant pas les normes d’usinage. Un membre d’une des “troïka” sera arrêté et parlera sous la torture. Alors qu’il est à l’intérieur de la Base, il est prévenu. Il demande une permission médicale au prétexte d’une rage de dents et réussit à échapper à l’arrestation par les Allemands. Il rentre dans la clandestinité et, après plusieurs contacts, rejoint les maquis landais. Il participera à la libération d’Agen.

Le 21 novembre 2008, Monsieur Alain JUPPE, Maire de Bordeaux, lui a remis, aux côtés de douze Républicains espagnols qui s’étaient illustrés dans la résistance à Bordeaux et en Aquitaine, la médaille de la ville de Bordeaux. Le 22 mars 2009, Monsieur Jean DIONIS DU SEJOUR, Maire d’Agen, lui a, à son tour, remis la médaille de la ville d’Agen.


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