Ramona Dominguez Gil, 643e victime de la “Das Reich”
Dans son édition du 2 octobre 2020, le journal le Monde – avec l’AFP – publiait un « jugement déclaratif de décès » du Tribunal de Grande Instance de Limoges, de décembre 2019, par lequel était reconnue une nouvelle victime du massacre d’Oradour-sur-Glane : Ramona Dominguez Gil.
A partir de cette publication, la présentation des articles est améliorée : vous disposez désormais d’une table des matières, de la mise en évidence des sources externes et de la mise en œuvre des galeries photos.
643 martyrs
Le jugement du Tribunal de Grande Instance de Limoges porte ainsi le nombre officiel des victimes d’Oradour-sur-Glane de 642 à 643 martyrs … Le nombre de républicaines espagnoles et de républicains espagnols massacrés passe de 18 à 19, soit 11 enfants, 6 femmes et 2 hommes.
Fruit de 4 années de recherches passionnées
C’est grâce au travail de recherches de l’universitaire catalan David Ferrer Revull que la reconnaissance de cette 643e victime a pu avoir eu lieu.
Avec l’aide des Archives départementales de la Haute-Vienne et de l’association Ateneo Republicano du Limousin, le professeur a découvert que les noms de nombreux Espagnols et Espagnoles, presque tous catalans de naissance ou d’adoption (des Aragonais, des Murciens…), avaient été mal transcrits. Dans les registres consultés par le chercheur, Harmonia Téllez apparaît sous le nom d’Armenia Telles. Son frère Llibert est renommé Philibert. Certains âges attribués sont erronés. Des noms de famille sont devenus des prénoms et de fausses relations parentales ont été établies avec d’autres exilés d’Oradour ayant le même nom de famille.
Nombres y rostros para los aragoneses asesinados por los nazis en la masacre de Oradour-sur-Glane – article en espagnol sur le blog de l’Ateneo Republicano du Limousin
David Ferrer Revull est diplômé en philologie anglaise (UNED). Il est professeur d’anglais à l’Institut La Romànica de Barberà del Vallès. Il est membre de l’Ateneo Republicano du Limousin et de l’Amicale des Anciens Guérilleros Espagnols en France – FFI – France 3 Nouvelle-Aquitaine
Plaques comménoratives
Identité des victimes espagnoles
- Ramona Domínguez Gil (73 ans), son fils Joan Téllez Domínguez (45 ans) et sa belle-fille, Marina Domènech Almirall (29 ans) ainsi que ses petits-enfants Llibert (1 an), Harmonia (7 ans) et Miquel (11 ans).
- Francisca Espinosa Magallón (49 ans) et ses filles jumelles Francisca et Pilar (14 ans).
- Antonia Pardo Guirao (32 ans) et sa fille Nuria (9 ans).
- José Serrano Robles (29 ans); sa femme María (36 ans), leurs enfants Armonia (3 ans) et les jumeaux Áster et Francisco (10 mois).
- Les sœurs Angelina (7 ans) et Emilia Masachs Borruel (11 ans).
- Carme Juanós Sampé (31 ans, enceinte).
- – Source : Le Maîtron
Ramona Dominguez Gil
Cette nouvelle victime, alors âgée de 73 ans, originaire de Mianos (Saragosse), avait dû fuir le franquisme avec cinq membres de sa famille. Tous s’étaient réfugiés à Oradour-sur-Glane et furent massacrés le 10 juin 1944, les femmes et les enfants brûlés vifs dans l’église du village et les hommes fusillés dans une grange.
David Ferrer a découvert que Le nom de la grand-mère figurait sur l’une des premières stèles funéraires qui rendait hommage aux victimes. Mais plus tard, quelqu’un l’a prise pour sa belle-fille et l’a condamnée à l’oubli pendant plus de 75 ans.
Massacrés par les nazis, soutiens de Franco
Fuyant la répression implacable des franquistes, ces républicains, après avoir trouvé un refuge dans le Limousin, ont été piégés par les nazis dans l’enfer sanglant d‘Oradour-sur-Glane. Car, il faut se souvenir que ce crime contre l’Humanité fut perpétré par une section de la sinistre Division « Das Reich », après avoir semé la terreur et la mort sur son parcours, au départ de Montauban, comme entre autres à Lacapelle-Biron ou à Tulle.
« Robert Hébras, le dernier d’Oradour », un documentaire inédit sur le survivant du massacre – France 3 Nouvelle Aquitaine
Enfin rappelons aussi que l’armée allemande avait déjà commis de nombreux crimes similaires sur le front de l’Est. Là où elle reçut le soutien de Franco qui donna sa bénédiction à l’envoi de la Division Azul, dans laquelle servirent jusqu’à 46 000 volontaires phalangistes espagnols.
« L’histoire de la Division Azul, les Espagnols qui ont combattu pendant la Seconde Guerre mondiale aux côtés de l’Allemagne contre l’Union soviétique. L’histoire de la façon dont Franco a payé sa dette envers son collègue allemand. » – Memorias de pes (espagnol)
Dans l’Espagne d’aujourd’hui, l’extrême droite continue régulièrement, sans vergogne, à honorer cette Division Azul !!!
« Des soldats espagnols saluent en chantant une chanson de la Division Azul dans une caserne de l’armée. Décembre 2019. Siège du BRIPAC. Paracuellos el Jarama. » – Journal La Marca sur Youtube
Rappelons que ce phénomène n’est pas exclusif à l’Espagne. Fin août 2020, ceux que nous appelons pudiquement « négationnistes » ont dégradé l’entrée du Centre de la Mémoire. Ces fascistes, nostalgiques d’une France collaborant avec le IIIe Reich, se répandent impunément sur Internet en assénant de fausses vérités. Comme nos aïeuls, soyons vigilants et solidaires des défenseurs de la démocratie.
Mémoire limousine des exilés de la guerre d’Espagne – le journal IPNS – Journal d’information et de débat du plateau de Millevaches
El cónsul en San Petersburgo homenajea a los fascistas españoles que sitiaron Leningrado – ASOCIACIÓN PARA LA RECUPERACIÓN DE LA MEMORIA HISTÓRICA (ARMH)
Monument départemental de la Déportation, Lacapelle-Biron (Lot-et-Garonne) – Musée de la Résistance en ligne
Oradour-sur-Glane : qui est le négationniste dont le nom a été tagué sur le mémorial ? – Journal Libération
La prochaine étape
David Ferrer Revull aimerait que la photo de Ramona Dominguez figure aux côtés des 642 autres céramiques affichant le visage des victimes de la barbarie nazie au Centre de la Mémoire d’Oradour-sur-Glane.
Centre de la mémoire – Oradour sur Glane
« C’étaient des hommes des femmes des enfants…et ils sont à côté de nous…c’est une nouvelle étape que de montrer ces visages qui jusqu’alors étaient restés dans les cartons, dans les familles » – France 3 Nouvelle Aquitaine
Louis Rodriguez / J. Michel Cortes